Selon une récente étude, les cancers du sein dont le développement est favorisé par la présence des œstrogènes, présenteraient des risques de rechute sur une longue période (20 années après la fin du cancer). Explications.

Qu’est-ce qu’une rémission ?

Selon le centre de recherche de l’Institut Curie, on parle de rémission complète lorsqu’après un traitement adapté et des examens minutieux, on ne détecte plus aucune trace de cellules cancéreuses dans l’organisme. Ni tumeur après palpation ou examen par imagerie (radio, échographies, scanner, etc.), ni anomalie dans la moelle osseuse, le sang ou dans les urines.

La rémission peut survenir à différent moment au cours du traitement et peut être renforcée par une ou plusieurs thérapies de consolidation, dont le but est de détruire les cellules cancéreuses encore en sommeil ou cachées.

La guérison est annoncée dès lors que la durée de rémission a été suffisante. Cela peut aller d’une période de 5 ans sans rechute (comme pour certains cancers chez l’enfant par exemple), voire plus (10 ans et +) en fonction de la nature de la maladie et de la réaction face au traitement mis en place.

Cancer du sein : étude publiée dans la revue New England Journal of Medicine

Cette étude publiée en novembre 2017 révèle que la période de rechute pourrait s’étendre à 20 ans pour certains types de cancers du sein. C’est le cas plus particulièrement du cancer du sein hormonodépendant, lié à la présence d’œstrogènes.

Les données de 88 essais cliniques réalisés auprès de 63 000 femmes atteintes d’un cancer mammaire œstrogène positif (l’un des cancers féminins les plus courants), ont été analysées pour arriver à cette conclusion.

Toutes les patientes de l’étude ont reçu comme traitement contre le cancer, du tamoxifène ayant pour effet de bloquer les récepteurs d’œstrogènes du cancer. Ce médicament fait partie des thérapies standards à base d’hormones, utilisées dans le but de réduire le risque de rechute du cancer et de résurgence de la tumeur.

Après l’ablation chirurgicale de leur tumeur au sein, les patientes de l’étude ont suivi ce traitement pendant 5 ans. A la fin de l’hormonothérapie, même si elles n’avaient plus aucune trace de cancer du sein, cette étude démontre le risque de récidive au cours des 15 à 20 ans qui suivent le diagnostic et la fin du traitement.

Poursuivre le traitement 10 ans après la rémission pour éviter les récidives ?

Même si les traces de cancer du sein disparaissent chez les patientes traitées au cours des 5 années de surveillance qui suivent la rémission, le risque de résurgence avec d’autres cancers (foie, poumon, os, etc.) reste constant jusqu’à 20 ans après le diagnostic. Ce sont les conclusions tirées par le Dr Daniel Hayes, professeur de cancérologie au centre de recherche sur le cancer de l’Université du Michigan, qui est un des principaux médecins chargés de cette étude.

Pour les femmes ayant souffert d’un cancer mammaire touchant au moins 4 ganglions lymphatiques, le risque de récidive après la rémission est de 40 % au cours des 15 ans qui suivent. Le risque tombe à 10 % pour celles ayant subi un cancer avec tumeur sans propagation aux ganglions.

La question posée par ces chercheurs est donc la suivante : est-il nécessaire de poursuivre la thérapie par hormone au cours des 10 ans qui suivent la pause du diagnostic et l’annonce de la rémission ? Ce traitement n’étant pas sans effets secondaires (bouffées de chaleur, sécheresse vaginale, douleurs articulaires, risque d’ostéoporose, etc.), les chercheurs insistent sur le fait que cette décision doit être prise conjointement par les cancérologues et leurs patientes.

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